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Croissance, sport et médecine du sport

Mon enfant pratique de nombreuses heures de sport. Dois-je envisager un suivi spécifique ?

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Croissance, sport et médecine du sport.
Mon enfant fait beaucoup de sport, dois-je envisager un suivi spécifique ?

On encourage vivement nos enfants et adolescents à bouger, à faire du sport.
Mais que faire quand les heures s’accumulent, que dans le même temps la croissance arrive et que cela parfois coince ou devient problématique? Il arrive que ces enfants/adolescents sportifs soient blessés plus fréquemment, soient douloureux à la moindre activité ou présentent des périodes de fatigue intense.

Il devient alors important de faire suivre médicalement votre/vos enfant(s) par un médecin du sport.

La croissance

La croissance est une période de changements importants.
Les enfants grandissent et prennent du poids rapidement, des changements hormonaux apparaissent.
Tous ces changements les rendent plus vulnérables.
Leur corps vit une situation de perte de repères.
La posture évolue et les adaptations posturales qui vont avec aussi.
Les besoins énergétiques changent, les différentes structures corporelles ne grandissent pas de la même façon et à la même vitesse ce qui en rendent certaines plus fragiles.

La plupart du temps, tout se passe bien mais il existe un grand nombre de pathologies liées à la croissance que l’on rencontrera d’autant plus chez les adolescents qui accumulent les heures de sport.

Rôle et suivi en médecine sportive

On peut considérer qu’au-delà de 10 heures de sport par semaine, un enfant pratique une activité physique intensive.

Il devient alors intéressant de faire suivre votre enfant par un médecin du sport qui

      - suivra les différentes étapes de la croissance,
      - repérera les faiblesses liées à cette dernière,
      - repérera les pics de croissance plus importants et donc les périodes plus à risque,
      - soignera les pathologies liées à la croissance ou liées à des traumatismes aigus,
      - prescrira des bilans sanguins pour dépister d’éventuelles carences.

Pourquoi un tel suivi ? Quels sont les risques et pathologies réelles ?

- La croissance est une période de fragilité pour le corps, certaines structures sont plus friables que d’autres et donc à risque de blessure :

      > Les cartilages de croissance, qui sont les zones osseuses à partir desquelles grandissent les os, sont des zones extrêmement fragiles. La prudence sera toujours de mise face à un traumatisme (aigu) à ce niveau-là.
Par exemple: une entorse de cheville chez l’enfant provoquera toujours une atteinte du cartilage de croissance jusqu’à preuve du contraire (1).

      > Les apophysites ou ostéochondroses de croissance.
Les apophyses sont des noyaux qui permettent de relier les tendons à l’os. Ces noyaux sont fragiles et peuvent s’enflammer si les contraintes mécaniques sont trop importantes. Les apophysites les plus connues sont celles située au niveau du genou (maladie d’Osgood-Schlatter) et au niveau des talons (maladie de Sever).

      > La croissance des différents tissus se fait à des vitesses différentes. Les os grandissement plus vite que les muscles qui grandissement plus vite que les fascias. Les fascias sont les tissus qui enveloppent les muscles et structurent le corps en général. Ces derniers, grandissant plus lentement, sont souvent rétractés et peuvent être la source de douleurs.

- La croissance est une période où le corps perd ses repères et où les blessures peuvent survenir plus fréquemment. Il est alors important de pouvoir dépister les faiblesses, les instabilités afin d’adapter l’activité sportive aux périodes de croissance.

- S’assurer que la croissance est harmonieuse et que le sport n’influence pas sur la prise de poids principalement.
Il peut exister des risques de perturbation de la croissance lié à certains sports.  Cela a surtout été démontré en gymnastique (pratiquée de manière très intensive).

- S’assurer que le développement pubertaire est normal car le déclenchement de la puberté dépend de facteurs (nutritionnels et hormonaux) qui peuvent être influencés par la pratique sportive. La vigilance sera surtout de mise chez les filles qui pratiquent des "sports minceurs" de manière intensive où des dérèglements des cycles menstruels avec impacts sur la qualité osseuse sont à craindre (2).

- S’assurer que l’enfant à un développement (statural/pondéral et cardiaque) qui correspond à la catégorie d’âge dans laquelle on veut le faire jouer.

 - S’assurer d’un apport alimentaire et hydrique suffisant car plus le nombre d’heures augmente plus les besoins sont importants. S’assurer qu’il n’y a pas de carences liées à la pratique intense du sport.

Conclusion

Le suivi de votre enfant sportif en médecine sportive permettra de corriger les éventuels déficits qu’il pourrait présenter au cours de sa croissance et lui permettra de s’épanouir pleinement dans son activité sportive.

Dr Maud Lejeune
Médecin du sport

 

Références :

(1) http://www.chups.jussieu.fr/polys/dus/dusmedecinedusport/capadumedsport/binderlimitesenfantssport/binderlimitesenfantssport.pdf

(2) Puberté et sport. S.Nguyen, C. Maitre. La Lettre du Gynécologue •n° 358-359 - janvier-février 2011