Le sartorius ou couturier pour la cuisse et le plantaire grêle pour le segment jambier sont les deux seuls muscles du membre inférieur à avoir une insertion dans la partie externe du membre et l'autre dans la partie interne. Ils ont pour moi à ce titre un rôle tantôt amortisseur et tantôt de fusible au niveau des membres inférieurs.
Cet article est le fruit de ma réflexion personnelle et correspond à l'avis d'un clinicien qui travaille depuis plus de 15 ans avec les préférences motrices.
Nous avons tout en nous mais nous exprimons ce qui nous coûte le moins cher en énergie.
C'est dans ce cadre que je vous illustre des différences de fonctionnement qui peuvent nous amener à des choix thérapeutiques différents, que ce soit en fonction d'un individu ou d'un autre et du moment auquel nous intervenons dans sa vie.
Le fonctionnement aérien correspond à un individu qui le plus souvent, met en place les stratégies suivantes car elles lui permettent de dépenser moins d'énergie:
- initiation du mouvement par le haut du corps.
- déplacement du centre de gravité vers l'avant.
- mise en tension de la chaîne musculaire postero-médiane.
- mise en tension des hanches en rotation interne pour postérioriser le bassin
- supination du pied.
- rebondit, fonctionnement élastique et excentrique.
Le fonctionnement terrien correspond à un individu qui le plus souvent, met en place les stratégies suivantes car elles lui permettent de dépenser moins d'énergie:
- initiation du mouvement par le bas du corps, par le bassin.
- déplacement du centre de gravité vers l'arrière.
- mise en tension de la chaîne musculaire antéro-médiane.
- mise en tension des hanches en rotation externe pour intérioriser le bassin.
- pronation du pied.
- pousse, fonctionnement puissant et concentrique.
Le sartorius est bi-articulaire et intervient dans l'abduction, la flexion et la rotation externe de la hanche et participe à l'antéversion du bassin. Il participe également à la flexion et à la rotation interne du genou.
Le plantaire grêle est extenseur de la cheville et fléchisseur du genou. Il possède 5,5 fois plus de fuseaux neuromusculaires par gramme que les muscles gastrocnémiens et soléaire. Il fournit au système nerveux central, des infos proprioceptives sur la position du pied.
Il est décrit dans les chaînes musculaires de Mme G. Denys-Struyf comme étant un relais entre la chaîne postero-médiane PM et la chaîne antéro-latérale AL.
Il est décrit dans les chaînes musculaires de Mme G. Denys-Struyf comme étant un relais entre la chaîne antéro-médiane AM et la chaîne postéro-latérale PL
Et voilà comment deux muscles, a priori pas si importants, se retrouvent intégrés à 4 grandes chaînes musculaires.
Pour moi, ce sont deux muscles posturaux essentiels qu'il ne faut certainement pas négliger!
A chacun de faire en fonction de sa boîte à outils, du patient et de son environnement.
Au niveau postural, l'aérien est en suspension sur ses muscles ischiatiques. Si ceux-ci ne sont pas assez forts, le sartorius viendra se contracter pour renforcer l'action des ischios. A la palpation, on retrouvera la portion inférieure du muscle plus en tension. Le fusible est alors en place.
S'il y a un déséquilibre entre AL et PM, le sartorius sera en première ligne comme amortisseur entre les deux chaînes. Il a alors un rôle de rééquilibrateur. Il pourra vite se mettre en tension permanente lorsqu'il n'y arrive pas.
A la fatigue ou en phase de récupération, on retrouvera parfois un sartorius fort contracté dans sa portion haute car il vient soulager un psoas souvent peu développé chez les aériens. Renforcer le psoas sera alors une bonne idée pour le soulager.
Travailler ce muscle dans le relâchement en prévention pour lui permettre d'amortir les tensions et déséquilibres entre les deux chaînes est toujours une bonne idée.
Le travailler lorsqu'il compense un manque de force des ischios ou du psoas ne sert à rien. Il faut renforcer ceux qui sont la cause! A chacun de voir qui fait quoi et dans quels cas!
Le plantaire grêle est un muscle proprioceptif. De par son anatomie, il soutient l'action du jambier postérieur et on le retrouvera plus en tension si ce dernier est faible.
Il a un rôle de rééquilibrateur entre AM et PL.
Sa détente permet souvent de relâcher le médio-pied au niveau de la pronation.
Au niveau postural, le terrien est en suspension sur ses posas. Si ceux-ci ne sont pas assez forts, le sartorius viendra se contracter pour renforcer l'action des fléchisseurs de hanches. A la palpation, on retrouvera la portion supérieure du muscle plus en tension. Le fusible est alors en place.
S'il y a un déséquilibre entre AL et PM, le sartorius sera en première ligne comme amortisseur entre les deux chaînes. Il a alors un rôle de rééquilibrateur au départ. Il pourra vite se mettre en tension permanente lorsqu'il n'y arrive pas.
A la fatigue ou en phase de récupération, on retrouvera parfois un sartorius fort contracté dans sa portion basse car il vient soulager les ischios souvent moins développés chez les terriens. Renforcer ces derniers sera alors une bonne idée pour le soulager.
Travailler ce muscle dans le relâchement en prévention pour lui permettre d'amortir les tensions et déséquilibres entre les deux chaînes est toujours une bonne idée. Le travailler lorsqu'il compense un manque de force des ischios ou du psoas ne sert à rien. Il faut renforcer ceux qui sont la cause! A chacun de voir qui fait quoi et dans quels cas!
Le plantaire grêle est un muscle proprioceptif. La pronation a tendance à le mettre en tension et à perturber la dynamique rotatoire au niveau du genou.
Il a un rôle de rééquilibrateur entre AM et PL.
Sa détente permet souvent de relâcher des tensions et des blocages au niveau de la tête du péroné.
N'oubliez jamais que nous avons tous tout en nous! Un aérien est plus souvent dans le fonctionnement aérien mais passe sous stress en mode terrien tout comme lorsqu'il récupère. L'inverse est évidemment valable pour le terrien qui ne sera lui aussi jamais en mode terrien 100% du temps.
Nous passons d'un fonctionnement à l'autre tout au long de la journée ou de l'effort en lien avec notre comportement et notre environnement.
A chacun de bien comprendre à quel moment on se blesse et dans quel fonctionnement biomécanique.
Et à chacun de proposer un accompagnement en adéquation avec ses outils et le patient.
Merci pour votre lecture.
Olivier Verraver
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